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Réparabilité : l'association HOP s'attaque aux "voitures jetables"

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L'association HOP (Halte à l’obsolescence programmée) s'est attaquée dans un rapport à la réparabilité des voitures modernes, ou plutôt à leur irréparabilité. Elle dénonce notamment la difficulté de réparation des batteries de voitures électriques.

Réparation voiture électrique Nissan Leaf

Travailler sur les composants haute-tension d'une voiture électrique nécessite des précautions et une habilitation spécifiques.

© AVEM

L'automobile se transforme. L'industrie se tourne non seulement vers les voitures électriques, mais elle entame aussi de nombreuses autres transitions vers des voitures toujours plus connectées et automatisées.

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L'association française HOP s'est donc penchée sur la réparabilité des voitures modernes dans un rapport intitulé L’obsolescence accélérée des voitures thermiques et électriques.

La réparabilité des batteries au cœur de la durée de vie des voitures électriques

Si les autrices ne remettent pas en cause la nécessité de l'électrification du secteur automobile, elles déplorent la réparabilité inégale des batteries de voitures électriques. Leur pack se décompose généralement en modules, qui incluent les cellules de la batterie, mais ces dernières sont rarement réparables individuellement. Le plus souvent, il est nécessaire de remplacer un module complet, qui peut représenter jusqu'à un quart de la batterie, voire le pack dans son ensemble. Avec l'arrivée de batteries cell-to-pack qui se passent de modules, voire cell-to-car où les cellules sont directement intégrées au châssis, leur réparabilité pourrait encore y perdre.

Réparation batterie voiture électrique Volkswagen

Plusieurs constructeurs ouvrent des centres de réparation dédiés aux batteries de voitures électriques.

© Volkswagen AG

Pis, les packs sont parfois scellés, ou remplis d'une sorte de mousse, "qui rend quasi impossible de retirer le module". Cela complique les interventions de garages indépendants, comme le déplorent les techniciens de l'atelier spécialisé Revolte. "Tesla s’avère être l’un des mauvais élèves, en injectant 29 kg de mousse collante rose dans ses batteries jusqu’à fin 2022, remplacée en 2023 par 4 kg de mousse blanche", dénoncent les autrices du rapport.

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Elles déplorent également un manque de visibilité sur la dégradation de la capacité des batteries. La norme Euro 7, actuellement en discussion, prévoit certes d'imposer des capacités restantes minimales à respecter, mais il serait question d'un SoH (state of health, ou état de santé qui exprime la capacité d’une batterie par rapport à sa capacité initiale) de seulement 80 % après cinq ans ou 100 000 km et de 72 % après huit ans ou 160 000 km.

Pour le reste, on observe des pannes beaucoup moins fréquentes chez les voitures électriques que chez les modèles à moteur à combustion interne. Leurs composants électroniques, comme leur BMS (battery management system) ou encore leur chargeur embarqué, peuvent toutefois souffrir de défaillances.

Le logiciel et l'obsolescence associée

Il n'aura échappé à personne que le logiciel prend une place de plus en plus importante dans les voitures modernes. De nombreux constructeurs se tournent même vers les Software Defined Vehicles (SDV), où le logiciel acquiert une place centrale dans le produit automobile.

"Si l’électronique peut être vecteur de progrès en matière de réparabilité et de fiabilité, elle suppose l’introduction de nombreuses problématiques bien connues pour les smartphones", explique HOP, qui s'inquiète de l'accès aux logiciels de maintenance des constructeurs. En réalité, certaines de ces problématiques se manifestent dans l'automobile depuis les années 90 environ. Assurer la maintenance d'une voiture sans la valise diagnostic adéquate peut faire de la moindre panne un véritable calvaire.

Les autrices du rapport alertent également sur une éventuelle obsolescence programmée qui pourrait avoir lieu si les constructeurs venaient à contraindre l'utilisation de leurs anciens modèles via des mises à jour à distance. Pour le moment, aucun cas de ce type n'a été révélé dans l'automobile, mais il existe un brouillard certain sur la durée de vie du support logiciel des modèles, alors qu'ils sont de plus en plus nombreux à promettre des mises à jour à distance. La dernière mise à jour apportée par Tesla à ses Model 3 et Model Y est par exemple réservée aux voitures équipées d'une puce AMD, produites depuis 2022 seulement. Nissan a quant à lui débranché les services connectés de ses premières voitures électriques en anticipation de l'arrêt du réseau 2G en France.

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Vers un phénomène de fast-fashion dans l'automobile ?

HOP craint alors de voir un phénomène de fast-fashion frapper l'automobile, avec des "voitures jetables" difficilement réparables. "L’âge moyen de départ à la casse des véhicules d’aujourd’hui s’élève à 19 ans, pourra-t-on en dire de même sur les véhicules électriques dans 20 ans ?", se questionnent les autrices du rapport. Pour le moment, le marché se dirige justement vers une revalorisation des véhicules d'occasion, en Europe tout du moins, à mesure que le prix des voitures neuves s'éloigne du budget des clients. Le parc automobile français ne cesse de vieillir, pour le meilleur et pour le pire. Et si les 1.2 TCe et autres 1.2 PureTech peuvent donner l'impression que les voitures modernes ne sont pas fiables, ces mauvais exemples ne doivent pas faire oublier qu'il y a un temps, des véhicules pouvaient être mis au rebut une dizaine d'années seulement après leur sortie de concession, car déjà mangés par la corrosion.

Toutefois, HOP s'inquiète de nombreuses pratiques qui pourraient nuire à la réparabilité des voitures modernes. Le giga-casting, par exemple. Il s'agit d'une technique de production qui consiste à mouler avec d'énormes presses de très grands éléments du châssis, auparavant constitués de nombreuses pièces assemblées par soudage. Si cette technologie permet de réduire les coûts de production, "au moindre choc, il faudra remplacer une partie si importante de la voiture qu’il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse", s'inquiète HOP.

Le giga-casting permet de produire des pièces plus grandes et moins nombreuses.

Le giga-casting permet de produire des pièces plus grandes et moins nombreuses.

© Tesla

Pour ne pas arriver à un scénario de "voitures jetables", l'association HOP émet plusieurs propositions :

  • Intégrer des normes de durabilité et de réparabilité des batteries en Europe
  • Garantir la démontabilité des véhicules
  • Favoriser le marché des pièces détachées issues de l’économie circulaire (PIEC)
  • Proposer un indice de réparabilité
  • Étendre la garantie légale du véhicule
  • Prévenir l’obsolescence logicielle des véhicules
  • Encadrer les filières REP pour prioriser la réparation et le réemploi

L'association a également lancé une pétition "pour mettre un STOP aux futures voitures jetables et faire pression pour la mise en place de normes exigeantes sur les nouveaux modèles."

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